Découverte de… la Compression (1)
Célébrée à l’unanimité comme une des techniques les plus difficiles à appréhender lorsqu’on débute, la compression est pourtant incontournable pour qui veut obtenir des mixages de qualité. Je ne vous apprends pas grand chose jusque là… Oui, mais si n’importe quel logiciel audio un tant soit peu sérieux propose un (voire plusieurs) compresseurs, pourquoi compresse t’on ?
A – puisque j’en ai un sous la main, après tout…
B – parce que mon meilleur ami me parle tout le temps de compression parallèle
C – il faut, non ?..
D – parce que je le vaux bien.
Si vous avez au moins une bonne réponse, cet article est pour vous !
Avant de se lancer dans des graphiques et autres termes techniques, revenons à la base en rappelant que, comme pour tous les outils, on utilisera d’autant mieux le compresseur que l’on saura à quoi il sert, pourquoi on choisit de le brancher sur telle ou telle source et évidemment, comment manipuler ses divers paramètres. Essayons d’y voir plus clair…
Trop d’écarts à gérer
Le rôle premier d’un compresseur est de réduire la dynamique d’un signal audio, c’est à dire les écarts entre les sons les plus faibles et les plus forts sur un laps de temps donné.
Imaginez un chanteur dont les « nuances d’interprétation » conduiraient à des tels écarts de volume que vous passeriez votre temps à devoir le monter, le baisser puis le remonter de nouveau, tout cela dans des proportions considérables. Au moment d’établir votre balance initiale, vous auriez d’ailleurs un indice flagrant sur la nécessité ou pas d’utiliser la compression, simplement en constatant que votre fader de piste de chant ne semble jamais « à sa place » : trop haut sur le couplet, trop bas sur le refrain, voire entre le début et la fin du pont ou même entre deux phrases consécutives…
Devant une telle situation, en quoi le compresseur pourrait-il nous aider ?
Pensez à un assistant qui se tiendrait à vos côtés, la main sur le fader problématique, les yeux sur le vu-mètre et les oreilles grandes ouvertes ; chaque fois que le signal incriminé (la voix du chanteur dans notre cas) excède un niveau prédéfini, notre assistant imaginaire baisse ce fader ; lorsque le niveau est redevenu raisonnable, il le remonte. Cette technique du Gain Riding, simple à comprendre dans le principe, sera en fait réalisée par un dispositif électronique automatique : le compresseur audio. Notons que ce dernier présente quelques avantages par rapport à mon assistant puisqu’il a un bon look, est toujours là quand j’ai besoin de lui et n’a pas de problèmes de mauvaise haleine.
Si nous avons défini par l’exemple en quoi le principe de la compression est simple (et utile), essayons avant toute chose de comprendre en quoi est-ce si compliqué à utiliser ?
Je compresse, mais ça ne fait rien…
Certainement la phrase que j’entends le plus souvent quant à l’usage d’un compresseur, juste après « j’y comprends rien » ou « chaque fois que j’en met un, je trouve ça mieux quand je l’enlève !« . Ça vous dit quelque chose, peut-être ?..
Je vais donc tenter de vous expliquer ce qui, selon moi, crée la véritable difficulté d’appréhension de la compression :
1) d’abord et comme évoqué dans la question en début d’article, le compresseur est un outil. Comme tel, il ne devrait donc être employé que lorsque nécessaire ou désirable. Surtout pas « parce qu’il faut » ou encore moins « puisque j’en ai un sous la main, après tout … » ! Viendrait-il à l’idée d’un menuisier de tout scier en permanence à tort et à travers, simplement parce qu’il à une scie dans sa boite à outils et qu’il a par ailleurs appris à s’en servir correctement ?…
Si vous pensez que j’exagère, n’oubliez pas que je passe l’essentiel de mes journées au contact de stagiaires et que (faites-moi confiance !), j’en entend de belles…
Commencez donc par vous poser les bonnes questions : vais-je compresser cette piste et si oui, pourquoi ?..
2) par ailleurs, les divers paramètres d’un compresseur classique ont la fâcheuse habitude d’interagir entre eux, provoquant chez l’autodidacte qui tâtonne (en gros qui tourne tous les boutons dans tous les sens) la désagréable sensation que rien ne se passe, ou alors beaucoup trop, mais sans qu’il semble y avoir de relation logique entre les différents réglages (et bien sur, il suffit de savoir a quoi sert chacun de ces paramètres…). Après le « pourquoi ? », c’est le « comment ? » auquel nous essaierons de répondre.
3) enfin et peut-être plus important, tout bêtement, nous ne sommes pas entrainés à ça !
Je m’explique : mon fils a deux ans et il fait très bien la différence entre les sons aigus (qui sont pour lui les petits…) et graves (du coup, les gros…). Il s’extasie par ailleurs lorsque je crie sous un pont pour créer un bel effet d’écho. Ce cher enfant à donc déjà sans le savoir une notion de la relation fréquentielle entre les sons (dans son langage : les « tis » et les « rros ») qui seront traités par l’Égaliseur et de ce que produisent certains effets temporels (Delays, Reverbs et autres…). Rendez vous compte ! Deux ans à peine et sans le savoir, comme nous tous depuis la naissance, il s’entraine déjà ! Ces notions (qu’il n’utilisera peut-être jamais lors de sa vie d’adulte) font déjà des connexions dans sa délicieuse petite tête bouclée !
A l’inverse, aucune situation courante ne l’emmène à se questionner ou à raisonner sur l’appréciation de la dynamique entre deux sons ou entre deux moments, le ressenti d’une différence de quelques décibels ou l’amélioration du rendu des transitoires (toutes choses qui vous l’aurez compris, seront du ressort du compresseur)…
Ces notions, s’il souhaite les manipuler un jour, devront être intégralement découvertes, ressenties, expérimentées puis assimilées, parfois en quelques heures seulement (dans le cas d’un stage de formation professionnelle pour adulte, personne n’est prêt à faire l’élève pendant une durée trop longue…) ! Donc avant même de vous pencher sur le problème de savoir quel bouton tourner, vous devez déjà repasser par une phase d’éducation auditive.
Et vous voudriez que ce soit facile ??…
Ne manquez pas les articles à venir qui, je l’espère, vous aideront à y voir plus clair.
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