Découverte de… l’Egaliseur (2)
Après avoir posé des bases de réponses à la question : « A quoi sert un Egaliseur ? », nous allons avancer un peu plus dans l’utilisation de l’outil. Si l’on sait maintenant que l’EQ est un filtre ou plus exactement un ensemble de filtres s’occupant chacun d’une bande spécifique de fréquences (pour l’atténuer ou l’amplifier), il nous reste maintenant à faire connaissance avec les différents types de filtres existants, en essayant de définir leur champ d’application. Nous verrons ensuite quels sont leurs paramètres et comment les régler au mieux, même avec un nombre de bandes relativement restreint.
Mise en Place
Comme tous les outils de traitements, qui visent à modifier un signal d’origine (à la différence des effets, qui vont eux ajouter une ou des composantes au son de départ), l’égaliseur sera placé en série sur le chemin du signal. Plus concrètement, sur une table de mixage « matérielle » basique, il sera placé entre l’étage de Gain d’Entrée et les Départs Auxiliaires par exemple. Dans la version logicielle de cette même table de mix (la Console de Voies de Cubase ou la Fenêtre de Mixage de Pro Tools, par exemple), il sera donc placé en Insert. Il est d’ailleurs intéressant de constater que dans le cas précis de Cubase, chaque voie possède déjà par défaut un EQ intégré, alors que la fenêtre Mix de Pro Tools est par défaut vide et vierge de tout traitement, restant à customiser au cas par cas.
Les filtres de coupure
Les plus simples des filtres que nous rencontrerons dans un Égaliseur servent uniquement à supprimer des fréquences, c’est en cela que l’on peut les qualifier de soustractifs (ou passifs). Ils sont au nombre de deux : les filtres Coupe-Bas et Coupe-Haut.
Pour une raison qui m’échappe (mais qui a à voir avec les fonction de filtrage en électronique générale), les anglo-saxons désignent en général ces deux dispositifs selon des noms inverses et qui pourtant qualifient le même rendu : un peu comme le verre à moitié vide ou à moitié plein, dans les deux cas il y a autant de liquide, mais l’optimisme ou le pessimisme du consommateur varie… Il nous faut donc dès à présent comprendre qu’un filtre Coupe-Bas (Low-Cut Filter en anglais ou LCF) fait strictement la même chose qu’un filtre Passe-Haut (High-Pass Filter ou HPF).
Suivant la même logique, un filtre Coupe-Haut (High-Cut Filter en anglais ou HCF) est identique à un filtre Passe-Bas (Low-Pass Filter ou LPF). Pour résumer, donc :
Coupe-Bas | = | Low-Cut | = | Passe-Haut | = | High-Pass |
Coupe-Haut | = | High-Cut | = | Passe-Bas | = | Low-Pass |
Le beau méli-mélo que voilà…
Afin de simplifier, prenons comme convention que nous utiliserons les appellations Coupe-Bas et Coupe-Haut. Dans les deux cas, ces filtres agissent respectivement en-dessous et au-dessus d’une fréquence nommée Fréquence de Coupure (Cutoff Frequency), exemple : « plaçons un Coupe-Bas en dessous de 200 Hertz ». Techniquement, la fréquence de coupure est celle pour laquelle on aura déjà perdu 3 dB, comme sur l’illustration ci dessous :
- En abscisse (ligne horizontale du bas pour les non-matheux) et de gauche à droite, les fréquences audibles de 20 à 20000 Hz. On peut voir un point gris sur la graduation verticale des 200 Hz.
- En ordonnée (ligne verticale à gauche donc), l’action de l’égaliseur représentée en décibels (amplification de 0 à + 18 dB, atténuation de 0 à – 18 dB). La ligne horizontale blanche du 0 dB implique ainsi que rien ne se passe, sauf en dessous de ma fréquence de coupure qui effectivement, à 200 Hz, a bien chuté de 3 dB. Du coup, la coupure a en réalité commencé plus haut, ici à 400 Hz.
Le deuxième paramètre à prendre en compte (et qui va nous expliquer en partie la courbe précédente), est la pente du filtre – ou Slope – (la « dureté » de l’action de celui-ci si vous préférez). Cette pente est exprimée en dB par octaves.
Il me semble utile ici de rappeler le rapport entre les octaves (au sens musical du terme) et les fréquences :
Chaque fois que l’on monte d’une octave, on multiplie la fréquence par deux,
Chaque fois que l’on descend d’une octave, on divise la fréquence par deux.
Par exemple, le La central d’un piano (ou La 3) a une fréquence fondamentale (la plus basse qu’il produit) de 440 Hz. Le La à l’octave au-dessus a sa fondamentale (multipliée par 2) à 880 Hz. Le La 2 inférieur est donc lui à 220 Hz.
Puisque nous parlons fréquences, ce rapport devient intéressant. Ainsi, dans notre cas, on se trouve en présence d’un Filtre Coupe-Bas à 200 Hz avec une pente de 12 dB/Octave : l’octave inférieure (100 Hz) est bien atténuée de 12 décibels. Observez ci-dessous comme la Fréquence de Coupure sert de « pivot », faisant commencer l’action du filtre plus ou moins haut selon les pentes (vidéo silencieuse).
Dans le cas de l’égaliseur employé ici (Digidesign EQ III 7 bandes) on retiendra que les valeurs utilisées sont les plus courantes, certains plug-ins pouvant procurer des pentes plus dures (donc plus précises) mais au détriment d’une certaine musicalité.
Notez que toutes les notions évoquées seront identiques dans le cadre du Coupe-Haut (ou Passe-bas…).
Bien et alors ?..
Et alors, nos filtres vont être indispensables au « nettoyage » de notre session de mixage. En effet, nous cherchons à faire cohabiter pacifiquement une multitude de sources audio occupant divers registres, certes spécifiques, mais se recouvrant partiellement. De ce point de vue, la capture d’écran ci-dessous parle d’elle-même. Il s’agit d’un Analyseur de Spectre en Temps Réel, utilisé sur la voix d’un chanteur.
Nous pouvons constater que le micro (Rode NT1) a parfaitement capté toutes les fréquences audio (avec un maximum d’énergie entre 250 Hz et 2000 Hz et un « rebond » autour de 8 kHz). Pourtant, dans le cas de ce chanteur précis, le timbre de sa voix et les notes qu’il chante font qu’il ne descend pas, dans les faits, en dessous de 140 Hz… Deux questions s’imposent :
- D’où viennent toutes ces fréquences graves « en trop » que montre l’analyseur ?
- Sont-elles vraiment utiles à mon mixage ?
Réponses et égaliseur :
Dans le premier cas, ces fréquences captées par le micro (et que l’on considérera comme inutiles) proviennent du bruit induit par le micro, du souffle discret de la clim ou de l’extracteur, des mouvements de l’air, de l’insonorisation imparfaite du studio, etc…
Dans le deuxième cas, non, ces fréquences ne servent à rien, (puisque ne faisant pas partie du timbre de voix du chanteur), si ce n’est à masquer d’autres instrument qui devront occuper ce registre (ici Kick, Basse, Piano et Guitare).
Nous allons donc utiliser nos filtres (au moins le coupe-bas si l’on veut préserver quoi qu’il arrive les harmoniques les plus hautes) pour nettoyer cette piste de son contenu fréquentiel inutile, ceci afin de laisser plus de place à d’autres instruments, eux-même nettoyés, créant une meilleure séparation entre les différents éléments pour ainsi « aérer » notre mix.
Tout ça avec de simples filtres…
La suite très bientôt !..
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