Solo, oui mais pas trop…
Je me souviens de ma première expérience de studio en tant que jeune musicien et du sentiment « magique » liée à l’utilisation du Solo : pouvoir isoler à volonté une (ou des pistes) de l’arrangement, percevoir des imperfections masquées lors de l’écoute globale ou révéler des petits trésors cachés. Cool !
On pourrait d’ailleurs résumer l’intérêt de la touche Solo dans ce simple fait qu’elle nous permet d’écouter une piste isolément des autres afin de se concentrer sur les détails. Techniquement, elle annule l’effet de masque du à l’empilement des fréquences de vos différentes pistes et vous permet d’y « voir » plus clair. Re-cool ? Pas tant que ça…
Le Solo annule l’effet de masque.
Prenons un exemple simple : deux pistes, une de grosse caisse et l’autre de basse. Je met la première en Solo et commence mon égalisation. L’effet de masque potentiel avec la basse est temporairement inexistant, donc mon kick très distinct et j’en profite pour booster au passage les graves aux alentours de 80 Hz. Je quitte le Solo et l’active maintenant sur la basse. Elle me parait excessivement métallique donc je coupe quelques dBs vers 2-3 kHz et rajoute un peu de grave, pourquoi pas vers 80 Hz… J’étais content de mon kick et ma basse est énooorme, je peux donc enlever le Solo. Et là… surprise !
Les fréquences graves des deux instruments se chevauchent, s’empilent au lieu de se mélanger, à tel point qu’une des deux sources masque l’autre, me conduisant à une escalade en volumes problématique. De plus, la coupure des hauts-médiums de la basse la rend trop sourde dans le contexte global. Raté… et en plus j’ai perdu du temps.
Mixons efficace.
Nous touchons là le fond du problème : le mixage consiste (comme son nom l’indique) à harmoniser différentes sources pour qu’elles fonctionnent ensemble, peu importe que les sons soient peu flatteurs pris séparément. Comme sur une photo où tout le monde ne peut pas être au premier plan, une addition de « gros » sons ne conduit jamais à un « gros » mix. C’est justement tout l’art du mix que de faire rentrer tout le monde dans le « cadre », même si pour cela certains sons doivent être à l’arrière plan, pas si énormes que ça ou même bizarres, écoutés séparément les uns des autres.
En conclusion,
Utilisez votre Solo pour dégrossir, distinguer une petite résonance gênante ou localiser la toux du chanteur au deuxième couplet, mais travaillez la « couleur » de vos sons en écoutant le plus possible le mix global. En fin de compte, n’est ce pas ce qu’entendra l’auditeur final ?..
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